"QUE NUL N'ENTRE ICI S'IL N'EST BLOGUEUR"

dimanche 27 juin 2010

Enfin justice mais ô combien tardive !



Finie la discrimination salariale vis-à-vis des tirailleurs sénégalais.

Le vendredi 28 mai 2010 restera dans l’histoire comme un jour mémorable. Un jour qui a vu reconnaître par la France, ancienne puissance coloniale, la discrimination dans le traitement salarial qu’elle accordait à ses anciens combattants selon qu’ils soient français ou de nationalité des pays appartenant à son ancien empire colonial.

Les sages du Conseil constitutionnel viennent de juger anticonstitutionnelle la loi fondant la différence dans le traitement salarial des anciens combattants ayant servi la France lors des deux guerres mondiales et la guerre d’Algérie. Cette décision a été rendue possible à la faveur de la révision constitutionnelle de juillet 2008. La question prioritaire de constitutionnalité entrée en vigueur depuis le 1er mars permet à tout justiciable de soulever devant un juge la constitutionnalité de la loi applicable dans l’affaire où il est partie. La décision du Conseil constitutionnel sur la question soulevée par Khedidja et Moktar Labanne, rendue publique vendredi 28 mai, fera date. Ce bien après que la majorité des survivants de la première guerre mondiale a disparu.
Lors des deux guerres mondiales et de la guerre d’Algérie, la France, alors puissance coloniale en Afrique avait fait appel aux Africains et à leur courage pour sauver la République de l’occupation nazi notamment lors de la seconde qui dura de 1939 à 1945.
S’étant illustrés par leur dévouement et leur courage, les tirailleurs sénégalais cependant avaient été toujours marginalisés voire sous-estimés. C’est ainsi qu’à la fin de la guerre en 1945, beaucoup furent massacrés au camp de Thiaroye où il attendaient et réclamaient leur gain pour enfin retourner dans leurs pays respectifs et retrouver les leurs qui les attendaient avec impatience.
Après ces évènements tragiques de Thiaroye, les anciens combattants africains qui avaient survécu à ce carnage, étaient rémunérés par rapport à leurs rangs de colonisés et non suivant le sang qu’ils ont versé pour libérer la France.
Cette injustice dans le traitement salarial durera un peu plus de 50 ans. Les anciens combattants touchant jusqu'à trois fois moins que ce qu’ont toujours touché leurs camarades français avec qui ils ont partagé les champs de bataille.
Avec cette décision du conseil constitutionnel français, c’est une vielle injustice dans le traitement salarial aujourd’hui des pensions qui se trouve déclarée anticonstitutionnelle par les juges constitutionnalistes. Désormais l’Etat français devra se soumettre à verser la même pension aux anciens combattants non français vivants sur son sol. Pour avoir une idée de cette injustice, par exemple un ancien combattant marocain percevait 612 euros alors que celui français touchait 7.512 euros. C’est cette disparité sans nom, ce traitement pour le moins inéquitable, ce deux poids deux mesures donc qui a été jugée illégal et contraire aux dispositions de la Constitution de la République française.
Cet aboutissement heureux couronnant un combat de plusieurs années recèle néanmoins un goût amère. Un goût amère car cette décision salutaire peut être jugée tardive. En effet plusieurs sinon beaucoup des tirailleurs sénégalais qui devaient profiter de cette décision ne sont plus de ce monde. Morts ou âgés, la seule satisfaction de ces anciens combattants serait de savoir que justice leur a été enfin rendue.

Serigne Makhtar

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire